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vendredi 13 avril 2012

Réalité et complexité d'Israël en deux BD

Depuis que je m'intéresse aux romans graphiques, je savais que je finirais par lire ces deux ouvrages récents et néanmoins déjà références, consacrés à l'Etat d'Israël et à la ville de Jérusalem.



Je suis curieuse de cette région du Proche-Orient, très agitée et très complexe, d'un point de vue culturel, historique et géopolitique.

Attention, je suis très loin d'être calée sur le sujet et, - malheureusement - comme beaucoup d'entre nous, j'ai tendance à mélanger allègrement tous les évènements qui se passent là-bas, quand ce n'est pas les pays entre eux. D'où la nécessité de faire des rappels et mises au point régulièrement.
Mais il suffit que j'ouvre un livre touchant à cette région pour que je sois immédiatement captivée par le sujet.

Je me suis donc laissée embarquer en Israël avec Sarah Glidden et Guy Delisle.


Sarah Glidden est une jeune femme new-yorkaise, de confession juive mais non pratiquante, qui a décidé de participer au programme Taglit qui permet aux jeunes Juifs du monde entier de venir découvrir Israël, tous frais payés.
De retour aux Etats-Unis, elle a publié le récit de son voyage sous forme de minis BD. Devant le succès qu'elles ont remporté, la version longue a été éditée.



Cette BD est tout simplement passionnante pour qui est intéressé par le sujet (if not, passez votre tour !)
Elle est parfaite pour se remettre les idées en place sur les différentes étapes du conflit israélo-palestiniens, et sur l'histoire de la région avant.



Nous suivons pas à pas le déroulement de chaque visite auxquelles ont assisté Sarah et les jeunes de son groupe.
Ambiance camp de vacances itinérant et voyage organisé !



Mais surtout, Sarah nous fait partager sa curiosité d'esprit. Elle part avec un très fort a priori négatif à l'encontre d'Israël, ressentant une grosse sympathie pour les Palestiniens chassés de leurs terres.
Quelque-part, elle est persuadée que ce voyage va être une sorte de propagande pro israélienne et elle est donc toujours très critique, notamment face aux explications du guide.
Au fur et à mesure, elle va se laisser submerger par des émotions qu'elle n'attendait pas.



En deux mots : bien plus didactique qu'un livre d'histoire, avec de belles aquarelles en prime !

Sarah Glidden est actuellement en résidence à la maison des auteurs d'Angoulême pour travailler sur un projet de BD journalistique sur l'Irak, la Turquie et la Syrie, avec deux journalistes et un ex-marine.

Le bandeau bleu qui ceinture son livre porte cette phrase de Guy Delisle : "Un récit précis et honnête [...] dévoilant une nouvelle facette des états et des émotions engendrées par ce conflit douloureux qui persiste dans les cœurs et par-delà les murs."

Pour en savoir plus : interview de Sarah Glidden par Thierry Lemaire pour ActuaBD



Ce même Guy Delisle qui allait recevoir le Fauve d'or au Festival d'Angoulême 2012 (prix du meilleur album) pour ses Chroniques de Jérusalem...

Guy Delisle a passé un an à Jérusalem (2008-2009), où il a suivi sa femme dans le cadre de son travail à MSF, avec leurs deux enfants.
Comme pour les autres pays où il a déjà séjourné, la Chine, la Corée du nord et la Birmanie (cf Shenzhen, PyongYang, Chroniques birmanes), Guy Delisle débarque sans rien connaître au pays et "ses humeurs et sa capacité d'étonnement servent de fil rouge au récit" (source).
Installé à Jérusalem-Est, dans un quartier arabe, il sillonne les rues de la ville à pied, avec son carnet de croquis, ou en poussette avec ses enfants et nous rend compte via sa bande-dessinée de ses observations très prosaïques et pragmatiques.



"Guy Delisle est une sorte de candide sans parti-pris qui regarde autour de lui, n'hésitant pas à pointer le cocasse ou l'absurde quand il le voit..." (source)

Palestiniens, Israëliens, territoires occupés, colons, etc., au début, il n'y comprend pas grand-chose. Il apprend au fur à mesure, à force de cotoyer des gens de tout bord, de visiter les lieux.

Un jeune palestinien parle de ses conditions de vie en territoire occupé

Bref, il expérimente tranquillement la vie quotidienne.

le passage chez le garagiste palestinien

On est bien loin des grands questionnements existentiels qui ont travaillé Sarah Glidden - on peut peut-être aussi considérer qu'il est moins impliqué qu'elle, sentimentalement parlant - mais le récit de Guy Delisle n'en est pas moins captivant. Il a le don de présenter des situations souvent dramatiques le plus naturellement du monde et d'une façon beaucoup plus neutre que sa collègue (limite à la façon d'un journaliste). Avec une petite pointe d'humour ou d'ironie par ci par là.
Il touchera certainement un public plus large.

J'ai apprécié également la sorte de mise en abyme dans le récit, quand Guy Delisle nous parle de son métier de bédéiste qu'il tente d'exercer tant bien que mal pendant cette année. Il se rend de temps en temps à tel ou tel festival à l'étranger, il participe à des ateliers BD dans des universités et diverses écoles en Israël ou en Palestine. Certains projets échouent, faute d'autorisation, comme à Gaza.



Pour en savoir plus : le blog qu'a tenu Guy Delisle pendant son séjour à Jérusalem
interview de Guy Delisle par Aurélie Champagne pour Rue89

Le livre de Guy Delisle a ma petite préférence car je le trouve un peu moins "aride" à lire et l'on peut - allez soyons fous - le qualifier de chef-d'œuvre !

Pour conclure : deux lectures fortement instructives et enrichissantes, qui mériteraient d'être conseillées aux élèves de lycée.

15 commentaires:

  1. je connaissais pas du tout la BD de Sarah Glidden ,en revanche, j'ai beaucoup entendu parler de celle de Dellile que je viens d'ailleurs tout juste de finir...BD effectivement très interessante pour tenter de comprendre cette réalités icomplexe par desx yeux exterieurs...au ciné, j'ai aussi vu récemment le fils de l'autre, toujours sur le meme sujet...bref la totale ou presque :o)

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    1. Et c'est bien "Le fils de l'autre" ?
      Bien évidemment, il ne passe pas dans le ciné de ma ville...

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  2. Les chroniques de Guy Delisle sont excellentes, je les ai toutes beaucoup aimés. Du coup tu m'as donné envie de lire le bouquin de Sarah Glidden ! Merci pr la découverte

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    1. J'ai commandé "Chroniques birmanes" du coup !
      Les autres, elles sont à ma bibli. Chouette, je vais faire des économies !

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  3. Ce sont deux BD conseillées par Pénélope Bagieu dans ses chroniques sur Madmoizelle. Deux BD qui me font très envie aussi. Ta critique me donne davantage envie de les lire !

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    1. Oui, je n'ai pas manqué de zieuter toutes les chroniques de Pénélope susceptibles de m'intéresser !
      Mais j'avais déjà vu les 2 livres avant.

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  4. J'ai lu les 2 et également préféré Guy Delisle... les "Chroniques Birmanes" sont très bien!

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  5. Je dois dire qu'il est difficile de bien comprendre ce qui se passe dans certaines régions du monde...
    Et si certains livres peuvent nous y aider facilement...c'est tant mieux..

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  6. Je ne vois pas ce qui difficile à comprendre: colons/colonisés, terre volée...

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    1. Effectivement, vu sous cet angle... ;-)
      C'est tout de même un peu moins simple il me semble.

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    2. Effectivement, c'est beaucoup moins simple qu'une histoire de terre volée et colonisée. Il ne faut jamais oublier qu'aucun pays arabe n'a souhaité accueillir à bras ouverts les Palestiniens chassés de leur terre en 1948. Ils sont des citoyens de seconde zone au Liban et en Jordanie. Ils y ont subi et subissent toujours des tracasseries. Dans le passé, ils y ont même été réprimés (Septembre noir en Jordanie vers 1970).

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    3. Je n'ai pas forcément tous ces "détails" en tête et je le répète, je ne suis pas du tout calée sur le sujet (mais ça m'intéresse fortement), mais à première vue, j'aurais tendance à être comme Sarah Glidden et à me positionner du côté des palestiniens qui ont été "dépouillés".
      Après, comme elle nous le fait bien ressentir dans son livre, c'est un peu différent quand on vit sur place tous les jours et quand on prend en compte toutes les données historiques.

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  7. "pro isréalite" : vous vouliez sans doute écrire "pro israélien". Israélite est égal à juif, rien à voir avec israélien qui est une nationalité. Il faut éviter les amalgames :)

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    1. Houps, pardon, je n'avais pas fait attention à la nuance. Je vais rectifier. Merci.

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  8. *** Un petit bonjour en passant chez toi et GROS BISOUS Céline !!! ***

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