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mercredi 18 juillet 2012

Le plutôt pas mal voyage de Lou !



C'est tout d'abord la couverture qui m'a attirée en tête de rayonnage d'une librairie.
Cette fille qui se prend la tête et qui nous regarde fixement avec son gros œil déformé..."Qu'est-ce qu'elle nous veut celle-là ?!" 

Une rapide lecture du résumé au dos et je suis d'abord un peu déçue par le sujet : une ado australienne de 16 ans, issue d'une famille défavorisée va passer un an dans une famille et un lycée américains, dans une banlieue aisée de Chicago.
Le gros cliché.
Et puis les romans avec des ados, j'ai beaucoup de mal à y trouver grand intérêt et il faut vraiment qu'il y ait une histoire de qualité pour m'accrocher.
Cependant, une phrase du résumé m'a interpellée et j'ai décidé, pour une fois, de croire les propos de l'éditeur : "Tiraillée entre sa vulnérabilité et son agressivité, son immense besoin d'affection et son dégoût pour la médiocrité environnante ou pour sa propre maladresse, Lou est un personnage complexe dont la sensibilité suraiguë fait une narratrice brillante."

Et bien tout est presque dit dans cette phrase.

Je n'ai pas lâché l'histoire, du début jusqu'à la fin.
Lou (Louise, de son vrai prénom) est une jeune fille au QI très élevé et elle aime la lecture. Très mal dans sa peau, elle déteste vivre dans sa famille de beauf'. Ils lui sortent tous par les yeux, ses parents au chômage passent la journée vautrés sur le canapé, devant la télé, à fumer comme des pompiers. Idem pour ses deux sœurs, vulgaires à souhait, les mauvaises fréquentations, les bières et un peu de drogue en plus. Elle a nettement l'impression de ne pas être à sa place, de ne pas être née au bon endroit.
Son seul espoir : profiter de cette année d'échange scolaire avec les États-unis pour y rester !
Pour y arriver, elle est bien décidée à tout faire pour se faire aimer de sa famille d'accueil, les Harding, pétris de bonnes intentions.
Malheureusement, on n'échappe pas comme cela à sa personnalité et à ses propres angoisses et tout ne va pas se passer aussi bien que cela aurait pu l'être.

La narration est effectivement brillante et je n'ai jamais eu l'impression de lire un roman destiné à un public ado.
Extrait p. 27 (Lou essaie de faire plus ample connaissance avec sa famille d'adoption) :
"- Vous faisiez quoi ?
- J'ai joué du piano plusieurs années et, avant la naissance des enfants, Henry et moi avons vécu à Paris. Je donnais des cours de piano et je peignais.
- Vous pourriez continuer à faire de la musique et à peindre, dis-je.
- Plus maintenant, dit-elle. Tu découvriras un jour à quel point il est difficile de faire tout ce qu'on a envie de faire. Dans la vie, tôt ou tard, il faut choisir.
  Je déteste quand les gens disent ce genre de choses et en particulier quand ils utilisent l'expression "dans la vie". Lorsque les gens ont des tics verbaux ou des clichés qu'ils ne peuvent pas s'empêcher de sortir à tout bout de champ, il m'arrive de devoir compter jusqu'à dix pour ne pas hurler. Quand j'ai quitté l'appartement de Sydney, je pensais être épargnée à jamais par les platitudes et les sermons de pacotille."

Extrait p.
Cette jeune Lou a l'esprit extrêmement vif. Elle sait ce qu'elle veut  mais comme tout jeune digne de ce nom, elle fait des erreurs, des conneries.
Je me suis partiellement reconnue en elle.
Dans son irrépressible besoin d'être aimée, besoin d'être serrée dans les bras, ce qu'elle ne connait pas avec sa propre famille où les marques d'affection sont loin d'être le lot quotidien.
Mais surtout dans son malaise qui se traduit par des rougissements brûlants et incontrôlables, qui la paralysent.
C'était carrément moi au même âge et qu'est-ce que j'ai pu en souffrir... un des grands complexes de mon adolescence.


Un récit découpé en 3 parties, avec un petit moins bien sur la dernière, mais ce n'est que mon avis.
Ne serait-ce que pour les 2 premières, que j'ai lues sans jamais être lassée, je vous recommande chaudement ce premier roman.
Une très bonne lecture estivale !

L'auteur, Maria Joan Hyland est née à Londres de parents irlandais et a passé sa petite enfance à Dublin. Elle a ensuite vécu longtemps en Australie où elle a été avocate.  Le voyage de Lou (How the light gets in)  est son premier roman, paru en 2003. Elle vit désormais à Manchester.


6 commentaires:

  1. Ohhh, voilà un titre pour ma fille. Je note, j'achète!

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    1. Tu pourras le lire toi aussi Chrys, ce n'est pas que (et "pas" tout court à la base) pour les ados ! ;-)

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  2. Le titre et la pochette m'ont interpellé moi aussi...Je ne suis pas trop livre ado, ms ton article m'a convaincu...je le note! Merci!

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    1. En ce moment, je ne sais pas ce que j'ai, mais je suis très sensible à l'emballage (aux couvertures) ! À mes risques et périls parfois !
      Pour ce livre-là, j'ai bien fait de me laisser tenter.
      Et j'insiste, ce n'est pas de la littérature pour ado ! ;-)

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  3. La couverture m'interpelle aussi! Ton avis me donne envie de découvrir ce livre!

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  4. Je ne connais pas du tout ce livre. Mais après ton avis, on voit que l'auteur travaille les sentiments et la place de ces personnages. A voir si je me laisse tenter.

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