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mercredi 26 septembre 2012

"Meurtre au kibboutz", un polar sociologique, très sociologique


Continuant ma découverte du monde du polar, grâce au challenge chez Delph, j'ai sélectionné ce titre de Batya Gour, une auteur israélienne, uniquement pour le décor, le cadre original dans lequel se déroule l'enquête criminelle : un kibboutz.
Un peu un mystère pour moi... je sais qu'il est question de vie en communauté et de collectivisme, d'exploitation de la terre, de pionniers du sionisme mais ça reste assez flou pour moi.
Alors ce livre, je l'ai pris comme une excellente occasion de me renseigner sur le sujet tout en explorant le genre policier.

Osnat, la secrétaire d'un kibboutz (rang important) vient de mourir à l'infirmerie dudit kibboutz où elle venait d'être admise quelques heures plutôt pour une soi-disant pneumonie.
L'autopsie révèle très vite qu'elle a été empoisonnée par un insecticide.
Le commissaire Michaël Ohayon, un personnage récurrent de l'auteure, nouvellement promu au sein d'une unité spécialisée dans les crimes graves, est chargé de l'enquête. Il s'avère qu'une personnalité du pays est mêlée à l'affaire : un député qui entretenait une liaison depuis peu avec la défunte.

Vous pourriez penser que je viens de vous résumer les premières pages du livre.
Que nenni !
Le commissaire Ohayon et ses collègues n'entrent en scène qu'au bout de 120 pages, soit à un quart du livre.
Surprenant.

Dès le début, Batya Gour immerge son lecteur dans l'ambiance du kibboutz riche, qui ne vit plus de l'agriculture mais qui fait fortune en fabriquant en exclusivité un produit anti-ride.
Le narrateur est externe et suit les pas de Aharon Meroz, le fameux membre de la Knesset, qui fait son retour au kibboutz juste le temps d'assister à une fête traditionnelle.
Le kibboutz qui l'avait accueilli étant enfant, tout comme Osnat (la morte), avec qui il a été élevé au sein de la famille de Moysh, l'actuel directeur du kibboutz.
Aharon a quitté le kibboutz à 24 ans, pour poursuivre des études de droit, ou par dépit amoureux, ou un peu les deux. Il a réussi à l'extérieur et n'est jamais revenu vivre au kibboutz. Lui qui n'était pas né à l'intérieur n'a pas été gagné par ce sentiment d'appartenance unique qui unit les kibboutznikim entre eux, contrairement à Osnat qui, elle, est restée, s'est y largement investie et a nourri de grands espoirs de changements.

La première centaine de pages est donc entièrement vouée à planter le décor et les personnages.
À ce titre, j'ai apprécié tout ce que j'ai appris sur la gestion d'un kibboutz, les enjeux actuels entre volonté de s'ouvrir à un certain individualisme (prendre ses repas chez soi, le coucher familial) d'un côté et l'envie de respecter le fonctionnement traditionnel de la communauté collectiviste (les repas pris ensemble, les enfants dorment ensemble, en dehors de la famille).
Par contre, pour qui s'attendait à être plongé directement au cœur de l'intrigue, c'est loupé !
Oui, ce polar n'a rien d'hyper captivant au niveau de l'enquête policière, qui n'est somme tout qu'un prétexte à un état des lieux des kibboutzim, oscillant entre traditionalisme et modernité.

Les personnages sont eux aussi très travaillés. Ils sont nombreux, et il est nécessaire de noter deux ou trois noms et fonctions au sein du kibboutz pour se repérer, mais on ne s'y perd pas. J'ai apprécié que chacun d'eux nous soit présenté, tour à tour et tout au long du déroulement de l'intrigue, d'une façon détaillée.
Alors même si l'enquête policière semblait avancer très lentement à côté, j'ai aimé cette immersion au sein du kibboutz et de ses membres.

Pour mener à bien son enquête, le commissaire Ohayon devra arriver à pénétrer l'atmosphère du kibboutz.
Dans un kibboutz, collectivité plutôt fermée sur elle-même, où personne n'a de secret pour personne, où aucune porte n'est fermée à clé et où l'idée même qu'un criminel puisse se promener parmi les leurs est presque inconcevable pour ses membres.


Pour résumer : si vous avez envie d'en savoir plus sur le pourquoi du comment du kibboutz, sans pour autant lire une thèse sur le sujet, ce livre est pour vous. Par contre, si vous voulez avant tout lire un bon polar à suspense, passez votre tour !

L'auteure, Batya Gour, décédée en 2005 à l'âge de 58 ans, a publié son premier livre à l'âge de 41 ans, qui met en scène son héros principal, le commissaire Ohayon. Elle enseignait la littérature à l'université de Jérusalem et collaborait à un quotidien en tant que critique littéraire.

5 commentaires:

  1. N'ayant guère de temps, je passerai donc mon chemin.

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  2. *** Une belle pensée pour toi en passant sur ton blog Chère Céline :o)
    Merci pour tes impressions de lecture, très intéressant.
    Bonne fin de semaine ! :o)
    GROS BISOUS de Thaïlande ! :o) ***

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  3. Ah ben moi, ça m'intéresse, et j'en ai déjà 2 autres dans ma PAL. Je me ferais donc bien toute la série (quand je serai sortie de la rentrée littéraire) :D

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  4. Ça m'a l'air lent(et long)...mais malgré tout intéressant :) !!! A part Sherlock Holmes et quelques autres, je ne me suis jamais vraiment intéressée aux polars...tu m'as donnée envie de m'y mettre =D !!!

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    1. Oui, c'est cela : un peu lent et long mais très intéressant, pour peu que l'on soit sensible au sujet à tout ce qui touche Israël.
      Je reconnais que les polars et moi, ça fait deux, que ça n'a jamais été et ne sera certainement jamais un genre littéraire que j'affectionne mais dans la vie, il ne faut pas être obtus et savoir s'ouvrir à ce qui nous est étranger.
      Alors, de temps en temps, je fais des efforts pour aller du côté de ce qui me touche moins.

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