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lundi 15 octobre 2012

Le livre de François Bégaudeau dont je n'ai pas compris la fin



De François Bégaudeau, je ne connaissais que Entre les murs, le film dans lequel il tient le rôle d'un professeur dans un collège de ZEP. Une adaptation de son propre livre, tiré de sa propre expérience d'enseignant.
L'homme est par ailleurs critique cinématographique et La blessure la vraie est son septième roman, paru en 2011.

Nous sommes en juillet 1986 et le narrateur, un Nantais de 15 ans, revient passer les vacances à Saint-Michel-en-L'Herm, en Vendée, avec ses parents, sur les lieux de son enfance.
Il aime le foot, le tennis et la littérature. Il est plutôt du genre fort en thème et dénote légèrement avec ses potes de village.
Il a déjà embrassé des filles mais cet été, son objectif est de coucher. Hors de question pour lui de rentrer en seconde sans l'avoir déjà fait !
Seulement, ce n'est pas gagné d'avance car notre narrateur n'est pas un tombeur de ces dames. Il joue plutôt dans la deuxième division de l'amour, comme il dit ,et doit se contenter des filles dont ses copains ne veulent pas, celles à qui on donne seulement du 11 ou 12/20.
Ah oui, à l'époque, les gars notent les filles et celles qui n'atteignent pas la moyenne sont des cageots ou des boudins (que de souvenirs ! ;-))
Ambiance adolescence avec les hormones qui travaillent à plein tube, vu du côté des mecs.

Dès le départ, on suppose que le roman est autobiographique, sans en être bien sûr pour autant.
Le prénom du narrateur n'est jamais cité.


J'ai été séduite dès le départ malgré le style particulier de l'auteur (fréquentes incursions dans le futur, comme des prémonitions, ponctuées à chaque fois de "je vois ça d'ici', absence récurrente de ponctuation à l'intérieur des phrases, jusque dans le titre, incroyable) parce que plein de détails m'ont rappelé des souvenirs et parce que c'est très drôle.
On se repasse les tubes anglo-saxons de l'époque grâce aux nombreuses paroles de chansons (le narrateur a une moyenne de 17,1 alors il les comprend toutes !) glissées dans la narration.
Les expressions de l'époque sont légions et font mouche.

Ambiance virées au bar du coin, avec le baby et les Kro qu'on descend, les mobylettes qui pétaradent pour frimer, les auto-tamponnantes au Luna Park et les bals du 14 juillet pour emballer les filles (la couverture est tout à fait dans le ton).
Les filles, il y a celles du coin, celles du villages, les copines d'enfance et les nouvelles, les vacancières.

L'auteur use, et abuse un peu, des mêmes gimmicks littéraires que l'on retrouve tout au long de son récit.
Ainsi,  la mère Baquet ou bien le virage dit de Joséphine, où ladite s'est jetée sous un camion par dépit amoureux, reviennent comme des petits refrains.

Bref, on est dans la tête, dans les pensées du narrateur et on voit bien que le garçon fait plutôt de figure de cérébral par rapport à ses copains, plus bourrins, dirons-nous.
Il analyse et planifie tout.
Il faut dire que l'enjeu est important pour lui : coucher avec une fille, et de préférence Julie, celle pour qui il a eu le coup de foudre. Ou bien Émilie, sa copine de vacances officielle, sauf qu'elle ne veut pas coucher. Ou bien encore Mylène, son amoureuse d'enfance, mais c'est un peu trop facile car elle le fait avec tout le monde.
Le gars hésite, et est souvent victime de fâcheux concours de circonstances, et c'est le moins que l'on puisse dire sur la fin du livre.

Mais... et cette histoire de blessure ? De vraie blessure ?
Et bien... je vous avoue humblement que je suis restée perplexe face à ce titre et à cette histoire de blessure affichée pourtant dès la première page du livre, et dont on attend tout au long du livre une explication :

Extrait p. 9 :
    "Toujours j'ai donné le change, mais aujourd'hui me trouve las d'esquiver et pressé d'admettre qu'en effet il y a quelque-chose qu'il ne faut plus tarder à raconter.
     Le temps est venu quoi qu'il m'en coûte de remonter à la blessure.
     De remonter à 86.
     À l'été 86."

Les propos sont pourtant sans ambiguïté. L'auteur nous annonce qu'il va nous révéler quelque-chose emprunt d'une certaine gravité, puisqu'elle a pesé sur lui depuis des années.
Et il ne manque pas de faire des petits rappels tout au long du livre, une façon de nous maintenir en haleine (on a envie de savoir, c'est clair et on est à deux doigts de s'impatienter !).
Malheureusement, je n'ai pas tout compris au film comme on dit.
Je ne vais pas vous raconter l'histoire, mais je peux tout de même vous dire que la fin du livre part un peu en cacahuète.
On n'est visiblement plus du tout dans la biographie. J'ai pensé que ça allait virer au polar.
La lecture devient moins compréhensible, on relit certains passages pour voir si on aurait loupé un truc, mais non, il n'y avait rien à louper.
Et les deux dernières pages, avec cette espèce de grosse vague qui nous renvoie toutes les premières pages du livre à la figure, je ne les ai pas du tout comprises. Certains ont parlé d'ambiance fantastique.

Soit il n'y a rien à capter, soit c'est trop cérébral pour moi.
En tout cas, ça m'énerve légèrement de ne pas comprendre et en plus, j'ai l'impression d'être idiote.

Pour en revenir au titre, La blessure la vraie, je me dis que c'est peut-être tout simplement un pied-de-nez au lecteur, qui s'attend justement à avoir des explications bien nettes et bien précises et qui est bien attrapé au final.
Et, la preuve que c'est bien fait : je serais prête à relire une bonne partie du livre pour voir si je comprends mieux !

Pour résumer, et d'après ce que j'ai compris (parce que la majeure partie du livre tient quand même la route, ne l'oublions pas !), je dirais que François Bégaudeau se sert et s'inspire fortement de son propre vécu pour dépeindre une chronique des flirts et amours adolescents mais qu'il déroute totalement son lecteur et nous laissant sur une fin complètement énigmatique alors que tout le reste de l'histoire était d'un réalisme très réussi.
Un livre dont je vous conseille la lecture, ne serait-ce que pour que vous puissiez venir me dire ensuite comment vous avez compris cette fameuse fin. ;-)

À noter : le livre est en cours d'adaptation au cinéma par le réalisateur Abdelattif Kechiche (L'Esquive, La Graine et le mulet)

7 commentaires:

  1. *** Coucou Chère Céline !!!

    Comme toi, de cet auteur (François Bégaudeau) je ne connaissais que "Entre les murs" ... merci de nous parler de ce livre... pour le lire il faudra que j'attende patiemment que ma fille vienne en vacances nous voir à Noël, elle me rapportera de France des bouquins que j'ai commandé sur amaz...
    BISES et bon début de semaine à toi et à ta petite famille ! :o) ***

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  2. J'ai lu Entre les murs, je n'ai pas aimé, j'ai vu Entre les murs, je n'ai pas aimé, j'ai écouté plusieurs fois Bégaudeau parler, je n'ai pas aimé.

    Bref, je n'ouvrirai pas ce livre.

    Oui, c'est peut-être même une réaction épidermique!!!!

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    1. Ah oui, à ce point ??? ;-)
      J'ai vu "Entre les murs" et j'avais bien aimé, par contre, lui, je ne l'ai jamais entendu en interview mais je n'ai pas lu que des choses positives à son sujet.
      Si je me contente de ce que j'ai lu ici, malgré cette fin incompréhensible pour moi, j'ai trouvé tout le reste plutôt pas mal.

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  3. *** Je t'envoie un petit coucou amical et de GROS BISOUS de l'autre bout du monde Chère Céline ! :o) ***

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  4. Il va peut-etre attendre le film pour comprendre !!

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    1. Très juste réflexion !
      D'autant plus que j'ai bien aimé les films d'Abdelattif Kechiche.
      Donc oui, je pense que je serai bien tenté par son adaptation du sujet. ;-)

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  5. Je suis pas sur que tu comprennes mieux la fin du film si ca ce fini comme dans la graine et le mulet,
    J'ai beaucoup écouté Bégaudeau, non pas en interview (un peu quand même) mais à l'époque ou il chantait du punk, j'était fan et sius toujours!
    je l'ai bien retrouvé dans ce livre ce qui était moins évident dans les précédents.
    PS pour comprendre réellement le sens ou le message de ses chansons fallait bien les écouter plusieurs foi et pas trop bourré....

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