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lundi 4 février 2013

"Le monde à l'endroit", des hommes à l'envers


Étrange titre pour ce roman noir américain qui raconte quelques mois dans l'existence d'hommes, pas mal abîmés par une vie qui est loin d'être droite.
Encore un titre dont j'ai du mal à comprendre la signification...
Il y a tout d'abord  le jeune Travis Shelton, 17 ans, fils d'un cultivateur de tabac, qui aime pêcher des truites mouchetées dans les torrents des Appalaches de la Caroline du nord.
Il vient d'arrêter l'école et son quotidien, c'est le petit boulot à la supérette du coin, aider son père pour le tabac, les copains, la bière et la drogue.
On est dans l'Amérique rurale, chez les petites gens, dans une Amérique profonde, et l'absence des ordinateurs et des téléphones portables pendant tout le récit ne fait que renforcer ce sentiment.

Un jour, lors d'une de ses sorties, Travis tombe par hasard sur un champ de cannabis, sur les terres de Carlton Toomey, une grosse brute de paysan.
Il coupe quelques plans, voyant le profit immédiat qu'il peut en tirer. Il les revend à Leonard, un ancien prof, mis au ban de la société. Divorcé, il ne voit plus sa fille qui a suivi sa mère en Australie. Il a trouvé refuge dans un mobil-home et s'est reconverti dans le deal de drogue. Avec lui vit Dena, une jeune femme toxico et complètement paumée. Un des deux seuls personnages féminins du récit.
L'appât du gain étant plus fort que la prudence, Travis retourne se servir dans le champ et fatalement, finit par se faire prendre par le propriétaire des lieux. La punition est rude : celui-ci lui sectionne un tendon d'Achile, à coup de serpette, histoire de lui faire comprendre qui est le chef et que rien n'est gratuit !
Travis, en conflit avec son père, violent, intransigeant et sans compassion aucune, trouve refuge chez Leonard. Sa mère est inexistante, tout juste mentionnée dans l'histoire.
Son nouveau statut de "partner in crime" en jette face aux copains qui le traitent respectueusement désormais de "hors-la-loi".
Commence alors pour lui une période relativement heureuse, qui ressemble à une reconstruction, coïncidant aussi avec sa rencontre avec Lori, une jeune fille studieuse. Elle devient sa petite amie et tous deux, avec Léonard, le poussent vers le haut, l'encouragent à remettre le nez dans les manuels scolaires afin de pouvoir obtenir un diplôme (le GED).
L'ancien professeur l'aide à prendre conscience de son intelligence et de ses capacités, un homme qui endosse le rôle du père de substitution, et qui voit dans le gamin le moyen de réussir là où lui a échoué, tandis que Travis prend celui de l'enfant de substitution.
Travis se plonge également dans des livres d'histoire et les vieux registres d'un médecin appartenant à Léonard, ayant trait à la guerre de Sécession et à un massacre perpétré sur les terres voisines de Shelton Laurel, le bled dont les aïeux de Travis sont originaires. On devine qu'il doit y avoir un rapport, un "mystère" qui nous sera révélé.
Leonard décide lui aussi de reprendre le droit chemin, il veut arrêter de dealer.
Tout semble se profiler pour le mieux mais c'est sans compter la présence des Toomey, père et fils, les fournisseurs de Léonard, des brutes épaisses, des hommes qui ne se laissent pas gruger, qui ne lâchent pas le morceau et qui ont notamment mis la main sur la pauvre Dena, prête à suivre le premier qui la ravitaillera allègrement en dope.

Pour décrire ce livre, on parle de nature writing, dans la veine de Sukkwan Island. De nature somptueuse et reine, de champs, de ravins et de torrents, de rayons de soleil, de brouillard et de neige. On parle de roman d'apprentissage, de passage à l'âge adulte On parle aussi de personnages façonnés par le milieu social, et du poids du passé, de l'héritage familial.
J'ai vu tout cela.

Un roman qui récolte de nombreux lauriers, si j'en crois les multiples critiques élogieuses que j'ai pu lire mais pour ma part, il me semble bien être un peu passée à côté.
Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, ce n'est pas cela. C'est plutôt bien écrit et les descriptions de la nature sont bien dosées, jamais assommantes pourtant... j'ai mis une semaine pour lire ces 280 pages et j'ai trouvé cela long.
Je crois que je me suis tout simplement un peu ennuyée. Un peu trop lent peut-être ? Un scénario sans réelle surprise ?
J'avais été aussi bien déçue par ma lecture de Sukkwan Island ; je ne suis donc pas trop étonnée par ma réaction.

Un roman d'apprentissage, noir, avec de la violence, et une lueur d'espoir à la fin.
Une histoire qui ne m'a pas transportée mais un tout de même un beau récit dont je vous conseille la lecture si vous croisez sa route.


4 commentaires:

  1. Bon ben n'ayant pas trop de temps, je zappe!!!

    Belle semaine Céline!

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  2. Eh bien tu es celle qui a aimé le moins de ceux que j'ai lu, et pourtant tu es celle qui m'a le plus donné envie de le lire ! Peut-être justement parce que ta critique est argumentée... Merci du coup je vais au moins le feuilleter et on verra !

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  3. Je partage ton avis.. J'ai eu beaucoup de mal à "entrer dedans".
    Par contre, Serena, du même auteur, m'a beaucoup plu : une immersion dans le monde et la violence d'une exploitation forestière des années 30.

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    1. Il est tout à fait envisageable que je tente un autre titre de cet auteur. Je ne me déclare pas rebutée d'office ! ;-)

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