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lundi 25 mars 2013

"D'acier", best-seller italien bouillonnant !


Un premier livre qui a fait mouche chez nos voisins italiens et qui est en train de conquérir l'Europe.
Une jeune auteure, Silvia Avallone, dont on dit qu'elle réinvente le roman social.
Rien de moins !

D'acier se déroule sur plusieurs mois, à compter de l'été 2001, à Piombino, une ville ouvrière de Toscane, assez moche, grise et tristoune, en face de la très belle et très touristique île d'Elbe. Une ville où a vécu l'auteure et à ce titre, on imagine qu'elle a dû puiser dans ses souvenirs d'enfance pour donner vie à ses personnages.

Ses héroïnes sont deux adolescentes. Anna et Francesca, la brune et la blonde, 13, 14 ans, amies d'enfance, jamais l'une sans l'autre, elles s'espèrent amies pour la vie.
De très belles jeunes filles, dont le corps s'est paré d'attributs féminins qui attirent les yeux de leurs camarades masculins mais aussi des hommes plus âgés.
Elles le savent et elles en jouent. 
Elles partagent leur été entre la plage, où elles sont les reines, et leur immeuble, le long de la via Stalingrado. Un quartier où vivent pas mal d'employés de la Lucchini. Cette grande usine métallurgique, en déclin à cause des délocalisations mais qui reste un gros employeur et où beaucoup de pères et des frères travaillent. Presque un personnage à elle toute seule cette usine.

Cet été 2001 est chaud, très chaud.
Pour les deux filles, c'est l'été de tous les émois et Silvia Avallone n'a pas peur des mots. Même s'il est question d'adolescentes, ce livre n'est pas à mettre dans les mains des plus jeunes. Le langage est parfois très sensuel et cru. 
Comme ce streap-tease, légèrement hot, auquel les donzelles se livrent, dans leur salle-de-bain, toute fenêtre ouverte, tous les lundi, pour le plus grand bonheur des voyeurs d'en face.
Comme quand les petits gars de 15, 16 ans prennent conseil auprès des mecs de 23 ans pour savoir comment bien s'y prendre pour "tringler" quand on est à scooter et qu'on n'a pas de voiture.
Vous me direz, c'est l'âge, c'est les hormones !

Anna et Francesca, de leur côté, se laissent peloter bien volontiers mais leur préoccupation principale, pour l'instant, c'est d'avoir enfin le droit de sortir le soir. Notamment lors de la fameuse nuit de Ferragosto (le 15 août) où on se retrouve au patinodrome pour faire la fête.

Et puis, en vérité, Francesca s'en moque des garçons. Elle ne pense qu'Anna, elle ressent des choses pour elle, qui dépassent la simple amitié. Alors lorsque cette dernière tombe amoureuse d'un copain de son frère, qui est de retour à Piombino, son amie de toujours se sent rejetée et ne lui pardonne pas cette "infidélité". C'est la cassure.

Une histoire qui pourrait vite devenir lassante - et qui n'est pas forcément super attractive de prime abord (les histoires d'ados, bof, bof) - si elle restait centrée sur les deux gamines, avec leur soucis d'ados, leurs envies de sorties, mais heureusement, ce n'est pas le cas.
De nombreux personnages secondaires, amis et famille, gravitent autour d'Anna et Francesca, et l'on passe de l'un à l'autre sans temps mort.
Bon, évidemment, ils sont souvent à la limite de la caricature et on peut reprocher, avec une certaine raison, à Silvia Avallone de nous avoir dressé un catalogue de "cas".
Ainsi de la mère d'Anna, une militante, qui fait bouillir la marmite et qui peste contre l'absence flagrante de son mari au foyer, trop occupé à gérer ses trafics. Mais elle l'aime toujours alors elle n'arrive pas à demander le divorce.
Ainsi du frère d'Anna, Alessio, le beau gosse de 23 ans, un roi du quartier lui aussi, qui pointe à l'usine métallurgique et qui passe le reste de son temps avec les copains, en boîte, aux terrasses de cafés et à s'envoyer des lignes de coke.
Et que dire de la mère de Francesca, la femme au foyer parfaite, qui passe son temps à briquer la maison et qui est complètement soumise à son mari, un homme qui n'hésite pas à lever la main sur elle et sur leur fille ?
Et le pompom ? Je le décerne à Lisa, la copine moche, le boudin (sic), celle que personne ne regarde, celle qui était totalement inexistante au regard des belles, comme Francesca et Anna, qui bavait d'envie et de jalousie en les regardant, et qui, du jour au lendemain, se trouve propulsée quasi au rang d'ersatz de meilleure amie par la fille délaissée dans le seul but de rendre jalouse sa vraie BFFE  !
Mais l'histoire est bien rythmée, bouillonnante et on ne s'ennuie pas une minute.

J'ai juste été un peu gênée par les références récurrentes aux filles pas très gâtées par la nature, les moches qualifiées de "boudins", voire de "boudins boutonneux", en opposition à la beauté des deux héroïnes dont les louanges constants (tout le monde se retourne sur leur passage, tous les hommes bavent devant elles, etc. etc.) peuvent paraître exagérés.
En tant qu'ancienne adolescente très complexée par mon physique, qui faisait plutôt partie du clan des moches que celui des filles populaires, je suis dérangée par de tels mots balancés le plus naturellement du monde (si Silvia Avallone n'était pas elle-même aussi canon, parlerait-elle de la même façon ?) mais si je réfléchis bien, je reconnais que l'auteure ne fait que décrire la réalité adolescente dans ce qu'elle a de parfois cruel.

Un bémol aussi pour la fin, qui est vite expédiée et qui laisse quelques questions en suspend (à nous d'imaginer ? un peu facile !).

Ces deux réserves n'éclipsent pas le plaisir que j'ai eu à lire tout le reste.
C'est du bon roman divertissant.

Le roman a déjà été adapté au cinéma en Italie (clic) et en voici la bande annonce, en italien...


À lire, la très bonne et très juste critique de Cécile Pellerin sur ActuaLitté (clic)

5 commentaires:

  1. Il était dans la sélection du club de lecture ici (auquel je ne participe plus, ms dont je retiens les titres...)
    Peut-être que je tenterai

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  2. Un bouquin pour cet été alors!!!

    Merci

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  3. Heureusement que j'ai cliqué ! Autrement je n'aurais pas découvert ce titre... ! Je reviens tout juste de l'Italie (j'en suis revenue hier, j'étais à Rome pendant quatre jours) et je pense que cette lecture va prolonger mon séjour en me plongeant dans la "vraie vie" des gens de là-bas... !

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  4. Je viens un peu tard ragir sur ce livre, tout simplement parceque je ne l'ai lu que cette semaine. Je voudrais juste appoter mon temoignage moi qui suis de Piombino.Je vis dans l'Est de la France maintenant, dans la Vallée de la Fench, là oul'on trouve aussi l'acier, les usines et les grandes barres de "Case popolare " (h.l.m).Immigration, integration ......
    Piombino est une ville magnifique et Avallone la decrit comme une immondice. j'y est vecu les moments les plus heureux de ma vie, de la plage de Salivoli à la Place Bovio, en allant chercher la schiccia le matin alla panetteria,sous les pins parasol du jardin de mon grand père, sur la terrasse de notre appartement face l'Ile d'Elbe et a la Corse, avec le soleil qui vient mourrir sur l'horizon et qui fait briller de mille petites etoiles la mer qui vibre comme si elle était vivante.
    Les personnes que j'y ai recontré m'ont marqué, chacune à sa façon.Les récits de mes parents de leur vie avant la guerre pendant et après m'ont marqué. Et ma mère de qui je connait tout, toute sa vie même avant moi, tout les détails, et cet attachement vicéral à son pays, à mon pays. Si vous visitez la Toscane, au delà de Sienne, Florence et Pise qu'il faut voir bien sur, allez visiter Piombino, approchez vous des habitants et eqtendez palpiter leur coeur et leur sang entièrement voués à leur identité. Bien sur n'oubliez pas de prendre le bateau pur aller à l'Ile d'Elbe, il n'y a que 10 k (non pas 4), elle est merveilleuse aussi, elle est à l'Italie ce sue la corse est à la France.
    Cependant, j'ai tout de même aimé ce livre, peut être parce que j'y retrouve des endroits que je connais, même si d'autres ont été modifié.L'histoire pourrait très bien se dérouler ici en Moselle avec le soleil en moins tant tout cet acier et la déringolade des usines y sont identiques.
    douce nuit

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