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mardi 3 septembre 2013

"La dégustation" par Yann Queffélec, l'Amour en proie aux noirceurs de l'Histoire



À Nice, en 1973, Bernard, 50 ans, épouse Muriel, 19 ans, contre la volonté de la mère de sa fiancée qui le soupçonne fortement d'avoir collaboré pendant la guerre.
Le quinquagénaire, vigneron et fin nez, éditeur de livres aux sujets tendancieux sur 39-45, est une figure locale sulfureuse. Il vit dans une villa luxueuse, au milieu de ses vignes, qui semble avoir été le cadre de faits indicibles pendant l'Occupation.
C'est pourtant bien d'un mariage d'amour dont il est question entre lui et Muriel.
Lui, subjugué par la beauté de la jeune femme juive, qui plus est étudiante en œnologie, trouve en elle la femme qu'il attendait. Et qui lui rappelle étrangement une personne qu'il a connue, et aimée dans le passé...
Mais elle, qu'est-ce qui la pousse dans les bras de cet homme qui a l'âge de son père ? Est-ce réellement l'amour pour cet homme cultivé et séduisant qui lui promet une vie princière à ses côtés ? Ou bien a-t-elle des raisons plus secrètes d'approcher cet homme haï par sa mère ?
Des comptes à régler ?
En tous cas, Muriel ne dit rien. Elle ne questionne pas Bernard et celui-ci se tourmente...


Extrait p. 186 :
"[...] C'est un peu gênant, à la longue, cette indifférence aveugle au passé d'un mari que l'on prétend aimer, les discours de sa mère, les copains délabrés au mariage, la villa, les tableaux, les insomnies, on aurait dit qu'elle était résolue à tout comprendre et pardonner, que la vie conjugale pouvait consister en un tête-à-tête où le secret des vins faisait oublier le secret des vies, où l'Histoire se résorbait comme un tannin dans une bouteille bien gardée.
   Une fois par jour il se disait : Vas-y, c'est maintenant, parle-lui, juste un mot, de toute manière elle n'a pas envie d'en savoir plus. Mais quel est-il ce mot ? Et pourrait-elle s'en contenter une fois qu'elle l'aurait entendu ? Quel autre aveu ne risquait-elle pas d'exiger quand il aurait déclaré : Je t'ai menti... Sait-on jamais jusqu'où une femme, et plus encore une femme comme Muriel, sa petite juive, peut souhaiter vous entraîner dans cette voie ? Jusqu'à la vérité ? La vérité c'est qu'il croit à l'amour depuis qu'il connaît Muriel, et détruire cet amour au nom du passé, de la poussière et du vent, ça jamais !"

Un bon roman, qu'on lit sans s'arrêter, sans aucune autre prétention que le divertissement, et c'est assez bien réussi !
L'Histoire et le lourd passé de Bernard prendront-ils le dessus sur l'Amour ?


2 commentaires:

  1. Je note...jamais lu Queffelec...et puis une histoire d'amour...
    Bonne semaine...biz

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  2. Moi j'adhère, et j'adore ! Quel style, ce Yann Queffelec !!! Et puis, ce n'est pas ce qui manque, les histoires moches ou limites, pendant la guerre... Celle-ci est magistralement narrée.

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