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dimanche 11 mars 2012

Deux conversations...


J'ai enfin pris le temps d'aller découvrir la nouvelle médiathèque de ma ville, Le Trente.
Une structure cubique flambant neuve, gainée d'une résille de béton, assez belle, mais comme j'ai toujours tendance à voir ce qui ne va pas, je n'ai pas pu m'empêcher de déplorer la maigreur des rayonnages de la thématique "roman" et même celle des albums jeunesse.
Face à une telle débauche architecturale, je m'attendais à me retrouver face à plusieurs dizaines de mètres linéaires de livres. Il faut croire que le budget des acquisitions littéraires n'a pas encore été augmenté proportionnellement aux nouvelles capacités de stockage - à moins que ce soit moi qui aie la folie des grandeurs.
En attendant, avec les enfants, nous avons tout de même apprécié d'avoir de l'espace (fauteuil et tables) pour nous installer tranquillement pour bouquiner.
Comme il en faut pour tout le monde, les amateurs de musique et de danse apprécieront les nouvelles salles de cette construction qui fait également office de conservatoire dédié à ces arts.

Mention Très bien à la plaquette en papier glacé qui en jette !


J'ai jeté mon dévolu sur un roman de Claudie Gallay, Dans l'or du temps, et un autre d'Alice Ferney, La conversation amoureuse, deux conversations, deux rencontres...

"S'obliger" à lire deux livres en trois semaines, la durée du prêt, n'est pas forcément chose aisée, d'autant plus que c'est tomber pour moi à une période de surcroît de travail. C'est un aspect que je redoutais dans le fait de choisir ses livres en bibliothèque plutôt que de les acheter.
Je l'ai fait, mais je pense que si prochaine fois il y a, je me contenterai d'un seul ouvrage. Si on commence à me mettre de la pression pour de la lecture, il y a du souci à se faire !

La conversation amoureuse d'Alice Ferney est plus qu'une conversation - même si la soirée en tête-à-tête entre les deux protagonistes principaux occupe une bonne partie du livre. C'est l'histoire d'une rencontre.

Les avis sont partagés sur ce livre.

Pour ma part, j’ai été plutôt séduite par l’exercice de style qui consiste à disséquer la naissance du sentiment amoureux entre un homme et une femme, du premier regard échangé, au premier rendez-vous et ce qui s’ensuit.
Lui, un homme mur, est sur le point de divorcer, à la demande de sa femme qu’il aime toujours et elle, plus jeune, est enceinte de son deuxième enfant et va se laisser séduire par ses avances, d’abord flattée de se sentir autant désirée puis ensuite, réellement amoureuse.
Ajoutez à cela des morceaux de vie des personnages secondaires qui gravitent autour des deux « tourtereaux », qui sont autant de petites histoires de couples balayant une large gamme des différentes situations conjugales possibles et imaginables (le couple qui s’engueule tout le temps, le couple heureux bien dans ses baskets, le couple qui n’arrive pas à avoir d’enfants, etc.) et qui nous servent toutes sortes de considérations sur la vie de couple, ma foi pas inintéressantes.

Le problème avec ce roman n’est donc pas le fond, qui est tout à fait réaliste et bien vu, et qui évoquera certainement des situations déjà vécues à un bon nombre de lecteurs – moi y compris -, mais bien la forme.

La description des sentiments est poussée à l’extrême. « Dissection » est bien un terme approprié.
Poussée au point de phagocyter les dialogues qui sont quasi inexistants et surtout, qui ne sont pas marqués.
En effet, les quelques répliques échangées entre les personnages sont insérées dans les phrases.
Ceci s’ajoutant donc à cela, j’ai eu beaucoup de mal sur la longueur du livre à ne pas être fatiguée par ce style.

Dommage.

Extrait :

« Elle soupira et s’adossa à sa chaise. Vous êtes fatiguée ? demanda-t-il avec une sollicitude qui la troubla. Elle ressentait comme impudique le fait qu’il se souciât de son état. Non, dit-elle, je suis très bien. Elle avait par éclairs, lorsqu’elle n’essayait pas de se tenir, l’impétuosité de sa jeunesse, et, sous les bouffées de timidité, une brusquerie. Je suis contente d’être avec vous, dit-elle avec cette brusquerie. C’était pure vérité : elle jouissait de la vanité de se croire l’univers pour un homme. Elle était étonnée de pouvoir le lui dire. A ce moment elle était heureuse d’elle-même, comme elle l’était d’avoir parlé de l’enfant et que cela n’eût pas fait d’ombre sur leur rencontre. Elle baissait les yeux et les relevait alternativement. Il tâchait à chaque fois d’attraper ce regard : elle se sentait hameçonnée. Moi aussi, dit-il, je suis très heureux de ce dîner. C’est un conte de fée, dit-il. Il le pensait. Je ne peux pas le croire, dit-elle (et c’était exact). Croyez-moi, dit-il en soufflant sa voix comme une supplique. Et à cet instant d’exagération du ton, elle se demanda s’il le faisait exprès, si c’était calculé, prête à lui demander de cesser son cinéma. Car ces simagrées accroissaient son trouble. Elle voulait trop y croire. Cette apparente dévotion lui paraissait réelle. Elle était subjuguée d’être si précieuse. »

Heureusement, le récit se précipite dans sa dernière partie. On fait un bond dans les mois et même les années et l’on découvre ce que sont devenus les personnages et quelle relation ils ont continué à nouer.
Intéressant.


"Je cherche l'or du temps"
ces quelques mots figurent sur l'épitaphe de tombe d'André Breton

Dans l'or du temps, de Claudie Gallay est une jolie histoire, qui fait encore une fois la part belle aux personnages, comme tous les livres de l'auteure.

Quatrième de couverture : " Un été, en Normandie, dans une maison en bord de plage, un jeune couple et leurs jumelles s'installent dans leurs vacances. Jeux de plage, baignades et promenades tissent le quotidien des jours. L'homme, cependant, s'échappe de plus en plus souvent pour rendre visite à une vieille dame singulière, Alice, rencontrée par hasard. Sa maison, derrière un portail envahi de lierre, semble figée par le temps. Des fétiches sacrés, livres, photographies, s'entassent dans les armoires, toute une mémoire liée à une tribu indienne, les Hopi. Dans un jeu de conversations fascinantes, Alice va distiller des pans de son histoire : son voyage, adolescente, en Arizona, dans le sillage d'André Breton, la fascination des surréalistes pour la culture sacrée des Hopi. Mais, de visite en visite, alors que l'homme semble pris au piège de cette rencontre, Alice va progressivement révéler le secret de sa vie."

On retrouve dans ce livre le style caractéristique de Claudie Gallay : des chapitres courts et des phrases courtes, voire sans verbe.
L'histoire est belle, mais pour ma part, je n'ai pas été très sensible à la poésie ambiante du récit ni à la mystique des indiens d'Amérique, même si ma culture générale s'en est trouvée enrichie. Je n'ai pas vraiment compris pourquoi l'homme (dont on ne connait pas le nom) est irrésistiblement attiré par l'histoire d'Alice, pourquoi il se découvre fasciné par ces Hopi. Je n'ai pas compris aussi pourquoi il se sépare de sa femme.
J'ai trouvé qu'il me manquait des réponses. Mais peut-être que je me pose trop de questions...

J'ai néanmoins passé un agréable moment avec ces pages, tout comme avec les premières évoquées.

J'apprécie de plus en plus d'aller vers des lectures qui m'interrogent, qui ne m'enthousiasment pas d'emblée, car elles contribuent à aiguiser mon œil critique. Rien n'est plus stimulant que d'agiter ses neurones !

1 commentaire:

  1. De La conversation amoureuse, j'ai gardé le souvenir d'un livre lent , je suis allée jusqu'au bout mais cet exercice de style n'est pas ma tasse de thé;=))
    Il n'avait été offert comme étant un livre sublime...Hum...hum...hum!

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