lundi 12 août 2013

"Les séparées" de Kéthévane Davrichewy


Alice et Cécile sont deux amies d'enfance.
Adolescentes dans les années 80, elles sont inséparables depuis leur entrée en sixième.
Soudées l'une à l'autre d'une manière fusionnelle.
L'une vivant dans une famille unie, avec ses deux sœurs, accueillant souvent chez elle l'autre, dont les parents étaient séparés.
Elles ont grandi ensemble, expérimenté la vie ensemble, se sont admirées et enviées mutuellement. Elles ont continué à se voir même après qu'elles aient fondé une famille, ont passé leurs vacances ensemble, ont même travaillé ensemble.
Puis tardivement et progressivement, elles se sont mystérieusement éloignées l'une de l'autre.


Kéthévane Davrichewy déploie la vie de ces deux jeunes filles et femmes en nous proposant le point de vue de chacune d'elles. Les deux approchent maintenant de la cinquantaine et travaillent dans le domaine de l'architecture et du design.
D'un côté Cécile, qui est plongée dans le coma suite à un accident et qui s'adresse à son amie.
De l'autre Alice, qui, dans le même temps et sans savoir ce qui est arrivé à son amie, est attablée à la terrasse d'un café et revoit en détail les souvenirs passés, les bons moments comme les blessures.

L'éditeur rapporte au dos de la couverture les propos de François Busnel dans L'Express : "Un roman dense et lumineux, magnifiquement construit et dont les dernières pages vous collent un frisson qui ne vous lâchera pas de sitôt".
Essayons de décrypter...

"Un roman dense" ? Oui. L'auteure ne lésine pas sur les détails et ça ne vient pas toujours dans l'ordre chronologique. En suivant bien, on arrive à reconstruire le vécu de ses deux filles/femmes. Cependant, le lecteur n'est pas à l'abri d'avoir le sentiment de tourner en rond (et de se mélanger les pinceaux entre Alice et Cécile !) tandis qu'il cherche frénétiquement à comprendre enfin pourquoi les deux amies se sont séparées.
"Lumineux" ? Ce n'est pas le qualificatif premier qui m'est venu à l'esprit en lisant ce roman. Je n'ai pas été éblouie. Juste suivi avec grand intérêt l'histoire de ces séparées.
"Magnifiquement construit" ? Magnifiquement non, mais plutôt bien construit, c'est vrai. Des choses de la vie des deux amies que l'on découvre au fur et à mesure. Notamment le personnage du mystérieux Philippe, dont on entend parler dès le départ mais dont on n'arrive pas à situer la relation avec les deux jeunes filles. Là, j'ai été surprise.
"Les dernières pages vous collent un frisson qui ne vous lâchera pas de sitôt" ? Non ! La révélation finale est tellement facile... mon dieu quel manque d'imagination ! La totale pour cette pauvre Alice, la goutte d'eau qui fait déborder le vase, qui avait déjà débordé d'ailleurs mais bon...

Extrait p. 125 : Cécile, dans le coma, s'adresse à Alice
   "Toi, Alice, tu étais capable d'écouter et d'entendre comme personne ne le ferait plus. Ton attention est ce qui m'a le plus manqué au début. Ta disponibilité. Savoir que tu étais là, polarisée sur mon être. Un jour, cela s'est arrêté. Quand tu as eu du succès, quand ton père est mort, quand Philippe n'a plus été entre nous, la limite se niche au milieu de tous ces faits. Tu n'as pas cessé de m'aimer, j'ai cessé de t'intéresser. Et je t'ai haïe pour ça."

Extrait p. 140  : Les pensées d'Alice
    "Cécile était une disparue. Le fait qu'Alice puisse la croiser en chair et en os n'y changeait rien. Le plus difficile était la solitude. Elles avaient été deux. Le moindre détail du quotidien avait été partagé, le dîner des enfants, leurs projets professionnels, les rendez-vous chez le coiffeur, les gens qu'elles côtoyaient, les films qu'elles voyaient, les livres qu'elles lisaient, leurs relations avec leurs maris. Les pensées d'Alice se heurtaient désormais à l'écho. Peut-être le miroir grossissant, le reflet rassurant mais déformé qu'elles se tendaient l'une à l'autre, était-il nuisible ? Qui a besoin de se voir de si près ? Leurs images réfléchies devenaient obscènes, elles avaient tenté en vain de se ressembler puis elles avaient aspiré à la différence, à l'indépendance. Leur amitié ne s'en était pas remise."

Au final, c'est une lecture loin d'être inoubliable mais qui a parfaitement convenu à mes vacances.
Écrit simplement, ça se lit bien et l'intérêt est maintenu tout au long.

Kéthévane Davrichewy est une auteure française d'origine géorgienne née en 1965. Elle a écrit pour la jeunesse et son premier roman pour adultes/ados, Tout ira bien, est sorti en 2004. Son roman La mer noire, basé sur les souvenirs de ses grands-parents exilés Géorgiens a été remarqué.


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6 commentaires:

  1. Bonjour, j'aime beaucoup la critique de la critique de François Busnel. Je n'avais pas entendu parler de ce livre ni de l'auteure.

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    1. Jamais entendu parler moi non plus jusqu'à ce que je tombe dessus dans une librairie !
      Pourtant, j'ai lu qu'il a été très bien accueilli par la critique (a même été encensé ???)

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  2. pas convaincue... s'il me tombe sous les yeux à la biblio, je le prendrai
    J'espère que tout va bien? et que tu savoures tes vacances.
    Je t'embrasse

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  3. Je te sens moyennement emballée je vais donc passer !

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    1. Oui, pas la peine de l'acheter en tous cas. ;-)
      Mais l'emprunter en bibli, si l'occasion se présente, pourquoi pas ?

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