Premier roman de Marie Dubosq, Les chambres d'Antoine a été lauréat du 25ème festival du premier roman de Chambéry (parmi une sélection de 288 ouvrages, 15 ont été retenus par un panel de 3000 lecteurs).
Pour ma part, c'est en furetant sur le site de son éditeur, Bruit blanc, que j'ai repéré le livre de Marie Dubosq. Souvenez-vous... j'ai chroniqué il y a peu le livre de Dominique Legrand que j'avais reçu dans le cadre de masse critique sur babelio. Vous aurez d'ailleurs remarqué que la similarité des couvertures : un titre en orange et une photo en noir & blanc (deux teintes caractéristiques de l'éditeur).
Il n'y a pas à dire, une belle couverture est une excellente porte d'entrée et je me suis laissée embarquer par le sujet de ce roman, intriguant...
Un homme, Antoine, le narrateur, immobilisé sur un lit, dans une chambre. Il ne sait pas où il est, ne sait pas ce qui lui est arrivé, ne sait plus du tout qui il est.
De même, il ne reconnaît pas la femme qui lui apporte à manger et qui refuse de répondre, ou répond on ne peut plus évasivement à ses questions.
Il ne voit personne d'autre et la communication a du mal à passer entre eux. Souvent, elle l'observe silencieusement, et ça l'énerve.
Quatrième de couverture :
"Je détestais qu'elle reste là. Je ne supportais pas qu'elle me regarde, silencieusement, dans l'attente d'une prodigieuse transformation.
Je ne la supportais pas tout court, à aucun moment, dans aucune attitude ni aucune absence. Elle était ma seule vraie douleur.
Et un jour, je le lui ferai payer."
Petit à petit, il va reprendre pied.
Son but : s'échapper de cette chambre, de cette maison même, où cette femme mystérieuse semble le retenir, tel un prisonnier.
Ses forces physiques reviennent tout doucement et la femme se met à lui faire la lecture, notamment celle d'une histoire qui semble faire écho en lui...
D'emblée, j'ai beaucoup aimé la première partie de ce roman, le huis-clos entre Antoine et la femme qui s'occupe de lui.
J'ai aimé ce rapport singulier entre eux deux, entre haine et amour. Très intriguant.
Extrait p.8 :
"Cela me démangea à nouveau férocement au niveau de ma cuisse droite. Je ne pris pas le temps de réfléchir, pas le temps d'envisager le douleur atroce que j'allais m'infliger, et je tendis mon bras pour soulever ma jambe. Il fallait que je me gratte. Je criai aussitôt et me mordis la langue. Je crus me l'être coupée nette.
Une tâche rouge vif vint se mêler au trouble de ma vision. Les larmes s'agglutinèrent au bord de mes paupières, j'étais certain de chialer du sang. Impensable comme j'avais mal ! Et je m'en voulais... Je me répétais que j'étais un vrai con, que c'était de ma faute, que j'avais bien cherché ce qui allait se produire. Mon hurlement allait la faire venir, elle allait bien se marrer la garce. Je devais rassembler le peu d'énergie qu'il me restait pour affronter son regard débordant de pitié. Ces yeux posés sur moi avec une insupportable douceur, comme on regarde un orphelin, un malade, un handicapé, et que l'on plaint et à qui l'on prédit une disparition imminente et certaine."
Le seul bémol : j'ai trouvé par moment que la situation n'était pas toujours bien crédible.
Je m'imagine moi, clouée sur ce lit à la place d'Antoine, sans mémoire mais non dénuée de parole, j'aurais pété un plomb vite fait et j'aurais exigé que cette femme me donne des explications dard-dard sur qui je suis et qui elle est elle, d'où je viens, ce qui m'est arrivé pour être dans cet état !
Mais non, on évite de se regarder, on pose une ou deux questions par-ci par-là et on mûrit sa colère dans son coin... mouais...
La deuxième partie est intéressante elle aussi, puisque c'est dans celle-ci que l'on trouve les explications à toutes les interrogations que se pose Antoine, qui va retrouver progressivement toutes les pièces du puzzle.
Elle se lit bien, mais je l'ai trouvé moins bien écrite que la première partie.
Je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler l'intrigue (j'en avais déjà lu un peu trop dans les quelques critiques que j'ai trouvées sur le net) mais au niveau crédibilité, j'ai l'impression qu'il y a là aussi une belle bourde tout à la fin. Ceux qui ont lu le livre pourront me dire ce qu'ils en pensent aussi.
Quant à cette fin, elle n'est pas très surprenante mais ne boudons pas notre plaisir.
Dans l'ensemble, et pour résumer, ce premier roman est prometteur, malgré quelques invraisemblances. La première partie, intrigante à souhait et bien écrite est nettement au-dessus de la deuxième partie.
... quoique! C'est bien dans la dernière phrase de ce petit roman que réside la clé de l'affaire, après la construction par fragments d'une histoire. Pour moi, ce fut un bon souvenir de lecture - prometteur, en effet.
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