Nina vit seule avec sa mère Suzy, ouvrière dans une usine textile de Roubaix.
Son quotidien, c'est son travail d'apprentie coiffeuse, quelques sorties avec son copain à qui elle ne tient plus trop, et puis la vie avec sa mère et les amies et collègues de travail de celle-ci.
Depuis que Suzy a quitté Paris, et le père de sa fille, pour retourner vivre dans sa région d'origine, trois hommes ont défilé dans sa vie. La jeune Nina ne voyait pas d'un très bon oeil le dernier Ricco, celui avec qui cela a duré le plus longtemps, celui qui s'était installé à la maison avec elles. Suzy "l'avait dans la peau", et même si Nina ne comprenait pas très bien ce que cela voulait dire, elle voyait bien que sa mère n'était pas disponible pour elle.
Mais il est parti il y a 1 an. Une période mouvementée dans la vie de sa mère, agitée par une grève à l'usine. Ricco n'a pas forcément compris les positions de Suzy, n'a pas supporté ses absences.
Un an après, c'est de nouveau l'anniversaire de sa mère, et Nina est bien décidée à profiter de jour de congé pour lui trouver un cadeau avec ses petits moyens.
Nina a grandi avec les adultes, sa mère et les amies de sa mère mais elle ne veut pas devenir comme elles. Non, l'usine, les mesquineries du contremaître M. Legendre, les menaces de licenciement, ça ne sera pas un genre de vie pour elle. Depuis qu'elle est allée au théâtre à Lille, Nina rêve de devenir comédienne.
Extrait p. 71 :
"La fille est apparue sur la scène, face au public, immobile, sous une colonne de lumière qui la tenait prisonnière. Elle est restée ainsi plusieurs minutes, des minutes qui nous donnaient une sorte de fièvre. Pendant un assez long moment, je n'ai pas entendu une phrase de son monologue. J'étais trop absorbée par cette présence, si seule, si exposée à nos yeux qui la dévoraient. Je l'enviais. J'enviais cette image qui me suffisait presque, qui me faisait penser à mon désir parfois d'être regardée ainsi, comme quelqu'un d'unique, de fragile, dont le mystère devrait émouvoir le monde entier. Je ne pouvais pas me concentrer sur ce qu'elle disait, tout en écoutant les mots comme de la musique, exactement comme de la musique. Aussi, sans même prêter une réelle attention aux paroles qu'elle prononçait, sans savoir de quoi il s'agissait, j'étais transportée d'émotion, une émotion si intense que j'en frissonnais.
De temps à autre un mot me parvenait, et je me laissais emporter par ce qu'il provoquait en moi, l'impression d'être à l'intérieur de ce mot, d'en faire partie. La fille alors devenait mon double, et j'éprouvais pour nous un étrange sentiment d'amour, nous n'étions bientôt qu'un seul être, aussi absurde que cela puisse paraître."
Elle fait part de ce désir à Arnold, l'ami qui l'a emmenée au théâtre, et celui-ci lui parle alors de La mouette, de Tchekhov, et du personnage de Nina, qui porte le même prénom qu'elle.
De retour chez elle, pleine d'espoirs, Nina interroge sa mère. Elle veut savoir pourquoi ses parents lui ont donné ce prénom. La réponse est un peu décevante... par hasard.
"Je ne lui en voulais même pas. Je le ressentais tellement ce hasard qui m'avait posée là, dans cette vie-là, avec cette mère-là, que d'une façon je pouvais admettre qu'elle n'y était pour rien, qu'elle n'avait pas choisi elle non plus. Nina par hasard, un point c'est tout." (p. 73)
L'histoire se déroule sur quatre jours durant lesquels Nina vit, agit, fait une rencontre, assiste à un événement mais également se repasse en mémoire plusieurs de ceux qui ont marqué sa jeune vie et celle de sa mère (beaucoup de rencontres amoureuses). Elle va grandir dans ce laps de temps.
Michèle Lesbre est une ancienne enseignante, directrice de maternelle. Elle s'est ensuite lancée dans l'écriture et a commencé par des romans noirs. Le prochain livre que je lirai d'elle est d'ailleurs l'un de ceux-là, Une simple chute. Avec Nina par hasard, en 2001, elle change de genre.
Une auteure que j'ai découverte, une fois encore, chez Jack...
Tout ce que je peux ajouter, sans trop en dévoiler, c'est que les antécédents de l'auteure dans le roman noir se font encore un peu ressentir. Vous comprendrez en lisant.
Ce fut un plaisant moment de lecture mais c'est une histoire que j'oublierai vite, parce que je ne l'ai pas trouvée particulièrement marquante. Que ce soit en bien ou en mal. J'ai d'ailleurs peiné pour tenter de vous la résumer. Peut-être serais-je plus sensible à une histoire vraiment noire ? Une simple chute me le dira...
Tu sais quoi...j'ai acheté " Une simple chute" dans la collection Babel noir la semaine dernière...alors je te propose une chose...on le lit...on fait chacun notre billet...et on décide de le publier en même temps le même jour sur nos blogs respectifs...partante...?...bisous
RépondreSupprimerAh mais bien sûr ! On se fait un petit "Kikalemieuxaimé" ? ;-)
SupprimerTon idée me plaît et si on arrive à être synchro, ça sera très intéressant.
Je vais te filer la liste des bouquins qui sont dans ma pile, en attente de lecture. On ne sait jamais, si il y en a d'autres en commun... quoi que, en général, j'ai l'impression que c'est plutôt moi qui te cours après en matière de lecture. ;-)
On se tient alors au courant de l'avancée de notre lecture ! C'est parti !