vendredi 21 juin 2013

Prendre le train de 06h41, avec Jean-Philippe Blondel...


Le dernier Jean-Philippe Blondel est fidèle aux thèmes qui lui sont chers et que j'ai déjà trouvés dans This is not a love song et Passage des anciens amants  qui se recroisent, le retour sur les vies passées, amoureuses et autres, la vie professionnelle que certains ont mieux réussie que d'autres. 

Dans le train de 6h41, au départ de Troyes et à destination de Paris, un lundi matin, Philippe Leduc trouve une place libre... juste à côté de Cécile Duffaut, qu'il reconnaît tout de suite. Ils ont eu une relation amoureuse de quelques mois, 27 ans en arrière, qui s'est terminée brusquement, et d'une façon minable, lors d'un séjour en Angleterre.
Cette histoire les a profondément marqués, sans qu'ils en aient forcément conscience et l'heure et demie du trajet qu'ils vont passer côte à côte va être propice à la brusque introspection qui s'impose à eux.
Pour l'instant, ils ne se parlent pas et font comme si ils ne s'étaient pas reconnus. Tous les deux sont troublés et, chacun dans leur coin, voient défiler le passé. Le lecteur partage tour à tour les pensées de l'un et de l'autre grâce à l'alternance des chapitres.


À 20 ans, Philippe était un beau gosse, étudiant en anglais, un bourreau des cœurs, celui dont toutes les filles étaient amoureuses. D'où la surprise de Cécile quand leur relation a débuté. Elle, plutôt effacée, d'un physique quelconque, était la bonne copine qui ne se fait pas remarquer.
Depuis, les choses ont changé et les rôles se sont inversés.
Philippe est divorcé, « simple » vendeur en hi-fi dans un supermarché, et a bien perdu de sa superbe physique. Cécile, quant à elle, a pris de l'assurance. La vie lui sourit. Elle est mariée et à la tête d'une chaîne de boutiques dans la vente de produits esthétiques bio. Physiquement, elle a appris à se mettre en valeur et est devenue ce que l'on appelle « une belle femme ». Le parallèle avec le personnage masculin de Vincent  dans This is not a love song est inévitable.

Céline et Philippe vont-ils arrivent à se parler ?
Toute la question est là.

Extrait p. 81 : dans la tête de Cécile Duffaut
  "Normalement, une femme d'affaires comme moi, à quarante-sept ans, d'abord, voyage en première et ensuite, quand vient le contrôleur, ouvre son sac de façon discrète et efficace et sort le billet - ou même plutôt l'e-billet imprimé à la maison et qu'il suffit de scanner - caché dans une poche prévue à cet effet.
   Alors que là, c'est moi - moi et ces traits de personnalité que je ne suis pas parvenue à gommer, avec lesquels j'essaie de faire contre mauvais fortune bon cœur.
  Je retourne pratiquement mon sac sur la tablette - je vois le sourire goguenard du contrôleur, et pire encore, celui de Philippe Leduc. J'entends les phrases stéréotypées qui passent dans leurs têtes, sur le sac des femmes, sur leur besoin de transporter leur vie entière dans un si petit objet.
  Je fouille.

  J'essaie de garder ma dignité, de chercher méthodiquement, avec un air détaché et méprisant. Surtout sans rougir et sans bafouiller. Sans multiplier les excuses et les anecdotes. C'est un moment d'embarras. Le contrôleur ne veut pas me brusquer, alors il se perd dans la contemplation du wagon, comme si un événement d'une extrême importance se déroulait près des toilettes. Philippe Leduc tourne la tête vers la droite et feint de s'absorber dans le paysage monotone qui défile. [...]

   Et pendant ce temps, le contrôleur attend. 

   J'inspire un grand coup. 
   Je ne me laisserai pas intimider. J'ai changé. Je suis une femme qui décide. Sûre d'elle et de ses choix.
   D'ailleurs, le voilà, le billet."

C'est avec un peu de regret que je reconnais avoir été légèrement déçue par ce nouveau Blondel. J'aimerais qu'il arrive à sortir de ces histoires qui se répètent et de ces mêmes thèmes qu'il ressasse.
Par contre, à ceux qui n'auraient encore jamais lu un de ses livres, je ne peux que conseiller celui-ci parce qu'objectivement, et sans faire de comparaison avec les autres écrits de l'auteur, c'est un bon livre.
C'est toujours aussi réaliste ! On peut tous se reconnaître dans les sentiments et émotions évoqués, qui sont captés avec toujours autant de justesse et de simplicité.


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3 commentaires:

  1. Histoire éternelle et tellement émouvante des anciennes amours qui reprennent vie en un instant. Bien envie de l'ajouter à PAL de cet été...

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  2. Moi j'aimerai bien qu'il atterrisse dans le mien, sac ! ;-)

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  3. Je ne suis pas emballée (peut-être parce que j'ai plein d'autres livres avant je ne sais pas), mais merci pour ton avis.
    Bises et bon week-end :)

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