4 ans après avoir lu L'amour sans le faire, du même auteur, c'est assez emballée que j'ai accepté la proposition de Babelio de recevoir gracieusement le dernier roman de Serge Joncour, en échange d'une critique.
4 ans, ça commence à remonter mais je me rappelle très bien combien L'Amour sans le faire avait été une magnifique lecture. Je ne me souvenais pas de l'histoire précisément. Juste que j'avais été marquée par la beauté de l'écriture ainsi que par la simplicité et la pureté de l'histoire d'amour naissante en question. Luminosité, c'est le qualificatif que j'avais employé (clic, clic)
La barre était haute.
L'écriture est toujours aussi belle, claire et limpide, tout en étant très précise, très imagée, parlante. Je rappelle que l'auteur est aussi lié au monde du cinéma. Il a écrit le scénario de l'adaptation cinématographique de Elle s'appelait Sarah, et deux de ses romans ont déjà été portés au grand écran. Cette histoire-là pourrait tout à fait elle aussi faire l'objet d'une adaptation.
Pour autant, je n'ai pas été autant éblouie que lors de ma lecture d'il y a quatre ans.
L'histoire d'amour, quant à elle, est un peu trop "cliché" à mon goût.
Un homme et une femme, diamétralement opposés, se rencontrent et vont tomber inexorablement amoureux l'un de l'autre.
Elle, Aurore, Parisienne depuis toujours, a la classe et est mariée à un Américain businessman. Elle est aussi mère de famille et styliste à la tête de sa petite maison de couture.
Lui, Ludovic, vit à Paris depuis deux ans mais est un rural déraciné par la force des choses. Il a quitté ses terres, pour changer de vie, suite au décès de sa femme et travaille désormais dans le recouvrement de dettes.
Autant Aurore est la grâce et la fragilité incarnée, de par son physique, autant Ludovic représente la puissance et la force tranquille de par sa stature imposante. "Un homme paratonnerre dont l'allure suggère qu'il ne redoute rien". En apparence.
Ils habitent deux immeubles voisins, partageant la même cour. Elle du beau côté rénové, lui, de l'autre.
Elle a tout mais souffre du manque d'écoute de son mari. Elle n'ose pas embêter celui à qui tout réussi avec ses soucis professionnels et d'ailleurs, il ne semble pas avoir beaucoup d'attention à lui accorder. Sa petite entreprise commence à être gravement dans le rouge, à cause de défauts de paiement. Elle se sent en perdition, pas à la hauteur et a un gros besoin d'être rassurée.
Sur qui pourrait-elle bien se reposer ?
Toutes ses peurs, elle les focalise sur deux corbeaux qui ont élu domicile dans sa cour et qui la terrorise. Oui, ne riez pas.
Les bestioles, pour lui, l'agriculteur de naissance, ce n'est pas un problème.
Aurore et Ludovic se retrouvent face à face un soir, totalement par hasard. Elle laisse éclater sa paranoïa aviaire. Ni une, ni deux. Deux coups de fusils bien placés quelques jours plus tard et il la débarrasse de ses pires ennemis. Preuve indubitable d'attention pour elle.
Ces deux-là ne tardent pas à tomber dans les bras l'un de de l'autre. C'est très rapide. Foudroyant dirons-nous. Ils se désirent tellement qu'ils ne peuvent pas se retenir dans la salle d'attente d'un rendez-vous hyper anxiogène... Certes, c'est croustillant, ça pimente bien le récit et c'est bien écrit mais là, on est complètement dans le too much. Je ne dis pas que ça ne pourrait pas arriver dans la vraie vie, notez bien, mais ces deux-là, ils vont toutes nous les faire !
On apprend plus loin dans le récit qu'Aurore ne fait plus l'amour avec son mari depuis trois ans. Un fait énoncé qui m'a surprise car rien ne le laissait présumer dans la première partie du roman. Pourtant l'auteur aurait eu tout le loisir de placer cette information pas anodine du tout (parce que 3 ans sans avoir de relation sexuelle avec l'homme qui partage sa vie, c'est qu'il y a un gros souci dans le couple, non ??? et que manifestement, la dame n'avait pas que des soucis au travail...) quand il a campé le décor personnel des protagonistes. Du coup, cela semble arriver pile poil pour justifier, en quelque sorte, ce besoin de contact charnel pour Aurore. Pratique ?
Cette information m'a perturbée.
Comme par hasard, elle ne fait plus l'amour avec son mari très séduisant... Un point de plus dans la colonne de la rencontre amoureuse cliché, c'est ce que je me suis dit.
Mis à part ce contexte assez facile, l'attraction, la déroute des sentiments, le chamboulement vécus par l'un et par l'autre sont très bien décrits. C'est crédible.
Là où on retombe dans le romanesque pur jus, et pas dans le sens positif du terme, c'est quand Ludovic se retrouve mêlé aux problèmes de la boîte d'Aurore. Alors oui, ça part d'un bon sentiment. Il veut avant tout la protéger, l'aider et en plus, elle ne demande que cela...
On n'aboutit pas à une situation abracadabrante et complètement irréaliste, mais wahou... Il leur en arrive des choses quand même ! Ça tourne au vinaigre, au point où les deux sont à deux doigts d'être impliqués dans un homicide involontaire et Ludovic est à deux doigts de perdre complètement pied. À la limite du À la vie, à la mort... Quand on pense qu'Aurore, si elle avait mis sa fierté de côté et si elle avait simplement demandé de l'aide à son mari, aurait pu régler l'affaire en faisant intervenir les avocats de celui-ci...
C'est déroutant. Jusqu'aux deux, trois dernières pages du livre, je me suis demandée comment cela allait bien pouvoir se terminer. Bien ou mal ? Mal ou bien ?
Je ne dirai bien, si ce n'est que j'ai trouvé cette fin réussie. J'ai fait ouf.
Et c'est un très bon point à mettre au crédit de cette histoire.
Souvent, pour encourager un élève, on dit "Peut mieux faire"... Clairement, Serge Joncour a mieux fait.
Je vous invite fortement à lire L'Amour sans le faire.
Merci Céline de votre lecture. Toutefois si Aurore ne tient pas à ce que son mari envoie "ses" avocats, c'est déjà pour ne pas devoir s'en remettre à son mari, lui donner l'ascendant. Et c'est aussi que Florent n'hésiterait pas à dénoncer les intimidations de Ludovic, et donc Aurore ferait l'aveu de cet amant… Mais bon, à mon avis, connaissant mon personnage, c'est surtout la première raison qui la motive, car demander de l'aide à certains, c'est parfois courir le risque de s'en sentir "assujetti…"
RépondreSupprimerAmicalement.
S