Cette reine, c'est Giulietta Padovani, la Napolitaine, la femme forte et libre, l'éternelle amante, l'éternelle voyageuse, la mère délibérément célibataire de 7 enfants, la célèbre romancière, celle qui a fait construire une sublime villa en bord de mer pour pouvoir accueillir toute sa famille. Une reine qui avait le monde à ses pieds pendant des années et que ses enfants ont vénérée comme une souveraine, reléguant même dans l'ombre leurs conjoints. Une mère un peu castratrice.
Seulement, les années ont passées, Giulietta est devenue grand-mère. Une femme de plus en plus âgée et de plus en plus victime des affres de la vieillesse. Elle a perdu la tête progressivement, jusqu'à ne plus pouvoir reconnaître ses propres enfants à qui elle donne du "monsieur" et du "madame" tandis qu'elle demande des nouvelles de personnes fictives, personnages de ses romans.
La souveraine Giulietta, tellement indépendante, est redevenue une enfant, qu'il faut surveiller et dont il faut s'occuper 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Complètement désarmée et nue face à ses propres enfants, au sens figuré mais aussi au sens propre, quand il lui passe par la tête de se déshabiller complètement "avec la hâte brouillonne et la maladresse d'un enfant de trois ans" (p.21), dans un "strip-tease affligeant et grotesque" (p.2) livrant aux yeux de ses enfants son pauvre corps efflanqué.
Alors ses 4 fils et ses 3 filles s'organisent à tour de rôle, pour la garder chaque jour de la semaine. Ils se réunissent régulièrement, chez l'un ou chez l'autre, afin de faire le point sur les jours écoulés.
Certains des enfants supportent moins bien que d'autres la situation, telle Elsa qui s'est mise à boire.
Tous s'épuisent petit à petit, psychologiquement et physiquement, à devoir veiller cette mère, femme sublime devenue sénile. Ils se laissent engloutir par la maladie de leur mère.
Jusqu'où tiendront-ils ?
Qui lâchera en premier ? Eux ou elle ?
Un jour, Marietta tombe sur des carnets intimes, que sa mère avait cachés chez elle mais dont elle n'a évidemment plus le souvenir.
Peut-être le moyen de faire la lumière sur certains épisodes de la vie de sa mère ?
Les chapitres, nombreux et assez courts font alterner le point de vue des différents enfants de Giuletta lorsqu'ils prennent leur tour de garde, mais ils proposent aussi au lecteur les propres élucubrations de la vieille dame, ses propres visions des situations de face à face avec ses enfants. Des propos très intéressants qui permettent d'entrevoir des éclairs de cohérence et de lucidité fulgurants chez Giulietta qui, s'il est clairement établi qu'elle est bien folle, n'en est pas moins toujours très sensible à tout ce qui se passe autour d'elle.
S'intercalent également dans le récit la retranscription des quelques carnets intimes de la mère trouvée par une des filles.
Le récit n'est pas extraordinaire en lui-même, à un ou deux secrets de famille près mais la construction est originale. J'ai aimé ce récit à tiroirs, à plusieurs voix, un peu à la manière d'un roman chorale, un genre que j'affectionne.
Anne Bragance est née en 1945 à Casablanca. Elle a publié plus d'une vingtaine de romans, dont La reine nue en 2003.
J'ai aimé "Une affection longue durée" du même auteur...je note donc...bonne semaine...^.^...
RépondreSupprimer•✰ •✰ •✰ •✰ •✰ •✰
RépondreSupprimerCoucou et merci Chère Céline pour ton avis
sur ce livre "La reine nue" d'Anne Bragance
J'aime découvrir les lectures sur ton joli blog !
Encore merci.
Bon début de semaine ! :o)
GROS BISOUS de Thaïlande !
•✰ •✰ •✰ •✰ •✰ •✰