Santa Lucia, une clinique psychiatrique en Argentine, vers laquelle tout converge...
Le livre commence sur la place d'un village argentin, un vagabond est assis sur un banc. Sofia, la serveuse du bar vient régulièrement lui amener à manger en douce, même s'il semble à peine y toucher. Elle lui parle, de plus en plus, mais il ne répond jamais. Il ne semble pourtant pas muet.
Un jour, il disparaît.
Il a été emmené par la police, qui a estimé qu'il troublait l'ordre public.
Au commissariat, Frias, un "gentil" flic, est troublé par cet homme silencieux. Lui aussi lui confie sa vie.
Jusqu'à ce que l'homme soit emmené ailleurs... interné à Santa Lucia, en ville, pour une expertise psychiatrique.
Dès la soixantième page, Santa Lucia et ses personnages entrent en jeu et la majeure partie de la suite de l'histoire va se dérouler en ce lieu.
Son médecin-chef grand manitou, ses réceptionnistes impassibles, murées dans leur aquarium à l'entrée de l'établissement, un infirmier bienveillant et Elena, le nouveau docteur.
Celle-ci débarque et se rend compte que tout le monde la connaît déjà. Elle se trouve être la fille d'une ancienne patiente du médecin-chef, directeur de la clinique, la « folle » dont il parle tout le temps, et qu'il dit être à l'origine de sa vocation.
Elle va troubler plus d'une personne là-dedans, par sa simplicité et son humanité.
Sofia finit par rencontrer Frias, le policier, et tous deux se lancent à la recherche de celui qu'ils appellent "leur ami" et qui leur a fait tant de bien.
Les dialogues sont fluides.
Beaucoup de personnages secondaires, dont l'histoire personnelle est à chaque fois développée mais dont on ne comprend pas forcément le rapport avec l'histoire principale. Et il n'y en a pas toujours un.
Tous sont très attachants, même les moins sympathiques, et bien que certains soient un peu caricaturaux : un flic méchant et un flic gentil, une réceptionniste aimable et une autre acariâtre.
Tous sont très attachants, même les moins sympathiques, et bien que certains soient un peu caricaturaux : un flic méchant et un flic gentil, une réceptionniste aimable et une autre acariâtre.
Ma lecture a donc été très agréable et je me suis laissée porter par la quête de Sofia et Frias pour retrouver leur ami vagabond.
Par contre, j'ai senti que je n'arrivais pas à saisir toute la dimension psychologique de l'histoire.
J'ai bien lu, à droite et à gauche sur le net, que l'homme vagabond et la doctoresse débarquée de nulle part étaient deux « chamboule-tout » dans le quotidien tranquille et endormi des autres personnages, qui les amènent à ressentir des élans d'émotion qu'ils n'ont pas, ou plus l'habitude de ressentir.
J'ai lu aussi, et j'ai effectivement vu passer dans le livre des métaphores avec les poissons dans le courant des rivières, et avec la pêche, mais je ne les ai pas vraiment comprises. Trop subtile.
Moi et la psycho...
"La pièce du fond" apparaît à plusieurs reprises tout au long du livre.
C'est dans le commissariat, la petite pièce dans laquelle Frias installe l'homme pour qu'il(s) soi(en)t tranquille(s), c'est le bureau à l'hôpital dans lequel Sofia et Frias vont rencontrer le docteur Elena, etc.
Métaphoriquement, ça doit être cet endroit au fond de soi, dans lequel on refoule des souvenirs douloureux, des sensations, des sentiments, qui font peur, et dont des personnes comme le vagabond et la doctoresse nous amènent à pousser la porte.
C'est un livre que j'ai finalement aimé et qui m'a donné envie de lire L'autobus, le précédent roman de l'auteure également traduit en français. Eugenia Almeida est Argentine, enseigne la littérature et la communication, est aussi journaliste et chanteuse.
Je le note de suite !
RépondreSupprimerEugenia Almeida a une belle écriture sobre et sèche, sans effets ni esbroufe. Mais c'est une écriture difficile et exigeante. On avait trouvé un peu plus facile d'embarquer dans L'autobus.
RépondreSupprimer